jeudi, mai 9"Rappelez-vous, le diable a peur des gens heureux !" (Don Bosco)

« La province d’Afrique Centrale AFC: hier, aujourd’hui, demain »

Mot du soir de l’ancien Provincial de l’AFC, le Père Jean-Claude Kayumba, SDB, lors du Chapitre Général 27.
« La province d’Afrique Centrale AFC: hier, aujourd’hui, demain »

Je voudrai vous parler de la Province d’Afrique Centrale « Maria Assunta » en RDC. Comme déjà l’indique le titre, l’AFC est désormais entrée dans le « deuxième » centenaire de la présence salésienne en RDC.

GEOGRAPHIE : Situons d’abord le pays où se trouve notre province : la RDC (qu’il ne faut pas confondre avec son pays voisin: le Congo-Brazzaville) est un pays aux dimensions continentales dont la superficie est de 2.345.410 Km2, avec une population totale (2013) de 75.507.308 habitants qui ne fait qu’augmenter (4-6 enfants par famille en moyenne). Le besoin d’écoles est énorme. Comme l’arrière-pays (le monde rural) est abandonné, sous-développé et peu sécurisé, il y a un exode constant vers les villes : Lubumbashi qui comptait longtemps près d’un million d’habitants, en compte deux millions aujourd’hui ; et Kinshasa est déjà une mégapole de 7-8 millions d’habitants sans infrastructures adaptées à une telle croissance.

LES LANGUES : Le français est la langue « officielle » utilisée dans l’administration publique et l’enseignement scolaire, partiellement aussi comme langue véhiculaire dans les villes. On prédit déjà qu’en 2050, l’Afrique comptera les 85 % des francophones du monde, dont une bonne partie habitera en RDC. Les quatre langues véhiculaires les plus parlées (appelées « langues nationales ») en RDC sont : le lingala (surtout parlé à l’Ouest, à Kinshasa), le kiswahili (parlé au Sud et à l’Est, notamment à Lubumbashi et à Goma-Uvira), le tshiluba, parlé dans les deux provinces du Kasaï au centre du pays, et finalement le kikongo parlé dans une zone restreinte. En dehors de ces quatre langues, il y a encore entre 200 à 400 langues « locales », qui sont parlées dans les zones rurales ce qui montre que la RDC est l’un des pays les plus multilingues de toute l’Afrique.

L’ECONOMIE: elle est encore en grande partie agricole (70 % des actifs) à l’intérieur du pays, mais elle évolue rapidement vers une économie industrialisée. Cependant, il n’y a pratiquement pas d’industries de transformation. L’économie est donc « extravertie », tournée vers l’exportation des très nombreuses matières premières. Un géologue belge, Jules Cornet, a inventé l’expression qu’on entend encore toujours citer : « le Congo est un scandale géologique »; tellement qu’il regorge de richesses de tout genre dans son sous-sol. On comprend alors que c’est un pays fortement « convoité » par les « grandes puissances », parmi lesquels il y aujourd’hui ces nouvelles puissances ou pays émergents tels que la Chine, le Japon, l’Inde, la Corée etc. Les minerais sont la plus grande ressource de ce pays, mais il y a aussi de grandes possibilités pour l’électricité (l’hydrocentrale d’Inga) et le pétrole ; et le Congo (avec le Brésil) possède la plus grande superficie en forêts. Il est donc le deuxième « poumon » pour la production de l’oxygène nécessaire à la vie humaine sur la planète terre. Le Congo occupe donc une place géopolitique stratégique dans le monde.

SITUATION SOCIALE : s’il y a des signes clairs de croissance économique dans tous les domaines, le pays reste encore un chantier qu’il faudra construire sur des bases plus solides que celles qui existent actuellement. La mauvaise gestion des ressources se manifeste par un manque de solidarité et de justice contributive et distributive. D’où les grandes inégalités parmi la population (et les écarts ne font que se creuser davantage entre riches et pauvres), d’où aussi les guerres intestines, fomentées par des milices à la solde de certains magnats ; rébellions qui ne terminent jamais car basées sur l’accaparement des richesses minières exploitées illégalement. Il faut donc mettre en place un nouveau système de gestion transparent, bien contrôlé par le peuple dans un système politique vraiment démocratique avec un gouvernement responsable capable de mettre fin à la corruption et de défendre son propre territoire ; il faut aussi une communauté internationale neutre pour aider la RDC à mettre fin à tout ce qui ne contribue pas à son développement.

  1. HIER

La première présence salésienne remonte à l’époque coloniale du Congo Belge quand différentes congrégations se sont engagées dans l’évangélisation du pays (fin 19ème siècle- début du 20ème) ainsi que dans le domaine scolaire en collaboration avec le gouvernement colonial. C’est alors qu’en 1911, les SDB de Belgique sont venus au Congo dans un double but : scolariser la jeunesse noire et blanche ; s’engager dans le domaine scolaire. En 1925, la Congrégation de la Propagation de la Foi a accordé le territoire de l’extrême sud de la province du Katanga (« Botte du Katanga »), aux salésiens. Le gros des efforts des salésiens jusqu’en 1952, étaient donc concentré sur l’implantation de l’Eglise dans cette région rurale où il fallait se consacrer à la construction de postes de missions, la création d’écoles primaires et des dispensaires. A partir de 1952, les salésiens (sous l’égide du provincial de Belgique, le P. René-Marie Picron) s’est concentrée de plus en plus à la jeunesse des villes industrielles qui étaient en train de naître au Katanga sous l’impact de l’industrie minière. En 1959, le temps était mur pour créer une province, la première de toute l’Afrique, avec 150 salésiens et ses 19 communautés. La majorité était encore des missionnaires européens et deux ou trois confrères congolais seulement. L’africanisation n’a pas progressé jusqu’en 1980 environ, date à partir de laquelle il y a eu une augmentation progressive du nombre de vocations jusqu’à devenir depuis 1990 une province africanisée au plan du personnel à 85 % (en 2013), mais toujours soutenue par un groupe de missionnaires (15 %).

  1. AUJOURD’HUI

PERSONNEL : La province compte 233 confrères, avec 14 novices, 47 postnovices (3 ans d’études reconnus par l’Etat congolais comme Graduat), 15 stagiaires, 25 théologiens, 15 confrères aux études universitaires. Plus de la moitié de la province est constituée de confrères en formation. La moyenne d’âge est 41 ans. Notons aussi que l’AFC a déjà mis à la disposition du Dicastère des missions plusieurs jeunes confrères qui sont aujourd’hui au nombre de 15 missionnaires : 2 en Asie, 2 en Amérique latine, 2 en Europe, les autres dans diverses provinces de l’Afrique.
ŒUVRES : en AFC, nous comptons 27 communautés (canoniques + non canoniques) avec une grande variété d’œuvres annexes (une cinquantaine) car chaque communauté gère plusieurs œuvres. Si l’on peut diviser les œuvres en cinq groupes, on pourrait dire que le plus grand groupe sont les œuvres scolaires de toute sorte : écoles primaires, secondaires (cinq collèges et trois écoles techniques secondaires, avec la fondation récente de deux centres d’enseignement supérieur (universitaire : Esis (école d’informatique) et Ecopo (une école supérieur de sciences économiques et politiques). Une autre partie est constituée des œuvres dédiées à la jeunesse à risque avec des internats, des écoles agricoles, artisanales et professionnelles annexes. Une autre partie, ce sont les paroisses et postes de missions avec leurs succursales. Encore une autre partie est celle qui regroupe un centre culturel et pastoral (pour les jeunes) dénommé « Safina », un centre de communication sociale dénommé « La Colombe » et nous sommes en train de lancer une première station Radio Don Bosco. Enfin, une dernière partie d’œuvres est constituée de nos trois maisons de formation : le prénoviciat, le noviciat et le postnoviciat regroupés sur un seul site, et le Theologicum qui est un centre de formation théologique interprovincial, dirigé par un « curatorium » de plusieurs provinces (ou quasi-provinces) : l’AFC, le Mozambique, l’Angola, le Madagascar ; des pays donc de langue française ou portugaise. Nous souhaiterions que cet Institut qui dispose déjà d’un corps professoral stable et d’une très bonne bibliothèque, puisse être mieux soutenu par les autres provinces surtout d’un point de vue du personnel formatif et académique… On est en train de construire quelques appartements pour leur logement. Cet institut a fêté 25 ans d’existence en 2013.
EVENEMENTS : Notre programme d’animation et de gouvernement (PAG) accompagne les communautés et chaque confrère par un thème qui s’inspire de l’Etrenne et des thèmes proposés pour le Bicentenaire de la naissance Don Bosco.  Nous avons choisi le programme sexennal Source et Fontaine pour aider chaque confrère d’aller à la source chrétienne et salésienne. Nous avons fêté le Centenaire de la présence salésienne en RDC en 2011 – Nous avons accueilli l’Urne de Don Bosco comme signe de renouvellement spirituel pour toute la famille salésienne – Nous avons commencé une nouvelle Délégation de la RDC-OUEST le 24 janvier 2013 comprenant les maisons de Kinshasa et de deux Kasaï (l’Ouest et le centre du pays) – Nous avons célébré le 18ème Chapitre Provincial qui préparait le CG 27ème.

  1. DEMAIN

Vu le grand nombre de jeunes confrères en formation, on peut espérer une croissance continue de l’œuvre salésienne en RDC, ce qui permettra (nous l’espérons) d’aboutir à terme à la création de trois provinces : Lubumbashi (au Sud) – Kinshasa,  avec le Kasaï Oriental et Occidental (à l’Ouest et au centre du pays) – le Nord- et le Sud-Kivu (à l’Est du pays, près du Rwanda et du Burundi). C’est cela notre carte salésienne pour l’avenir et c’est cela aussi notre rêve.
Que ce rêve devienne réalité dépendra de trois facteurs : la continuité de l’affluence de nouvelles vocations, la solidité de la formation, la bonne animation des communautés. L’AFC accueille beaucoup de vocations chaque année. C’est vraiment un signe très positif pour l’avenir salésien dans ce pays et aussi pour la Congrégation. La formation est un secteur important pour l’avenir de la province. Nous avons toutes les étapes de la formation et nous devons travailler sur l’accueil des candidats, le discernement sérieux, l’accompagnement, la formation solide et authentique des jeunes et des formateurs. Pour l’animation des communautés, l’effort est visible dans l’accompagnement des Directeurs et des responsables des communautés (et présences salésiennes). Nous sommes optimistes pour la consolidation des communautés et aussi pour une expansion intelligente et dynamique de la présence salésienne en AFC. Que vive Don Bosco ! Que vive l’AFC.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *